les Miao..

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Je reprends le récit de notre petit voyage..

Dans la région de Puzhehei, nous avons rencontré une dame charmante de la minorité ethnique des Miao, elle nous a présentés à son mari et quelques uns de ses petits-enfants. Nous étions dans un petit village où vivaient semble t-il exclusivement que des Miao.

Nous avons chaleureusement été invités autour dune sorte de feu au milieu de leur cour, en compagnie de notre hôtesse, son mari et son petit-fils, un adolescent. Autour d'un feu comme nous en voyions régulièrement aux alentours, j'en ai vu dans les cours, en plein dans un champs, au marché, et même dans un resto (sur le carrelage)..un petit feu autour duquel des personnes s'assoient pour se réchauffer. Il n'y a pas de chauffage dans ces régions-là, et en temps normal, il fait plutôt chaud (ce jour-là, pas trop). Ce qui m'a surpris, c'est que nos hôtes brulaient (entre autres) un filet, comme un filet de pêche, qui dégageait une odeur bien dégueulasse à la longue...

Je n'ai pas osé mitrailler de photos en leur présence, je n'avais pas envie qu'ils se sentent comme des personnages de foire face à l'objectif de leur invitée, qui plus est dans leur propre demeure. La maison ressemblait à celles que l'on voit en photo ici.. l'entrée de la maison donnait sur la pièce principale; avec un canapé et une télévision, puis une pièce à droite, une pièce à gauche (j'ai entraperçu une chambre, j'imagine que l'autre en était une aussi..), et entre la façade et les chambres, un espace tel un couloir entre deux murs avec une barrière : pour un bétail avec de la paille au sol.. Je crois que vivaient là 4 adultes et quelques petits enfants, les plus petits normalement car ceux qui vont à l'école en ville dorment à l'internat, au moins pendant la semaine, et souvent le week-end aussi. L'adolescent qui était avec nous était en vacances, les vacances du nouvel an chinois allaient se terminer.

J'avais beaucoup de mal à comprendre les grand-parents et à me faire comprendre d'eux.. ils parlaient mal le mandarin avec un accent très prononcé. Et moi aussi. Je parle le mandarin avec des phrases souvent biscornues.. LiYu parvenait à dialoguer avec eux, elle m'aidait à faire la traduction.

Je leur ai demandé de quoi ils vivaient, l'homme nous a répondu : avant, ils vivaient de culture des champs, mais l'état leur loue désormais les terres pour 800 yuans par mois, et s'y ajoute la vente de différents produits Miao aux touristes dont se chargent leurs enfants... - j'ai alors demandé s'ils gagnaient plus ou moins qu'avant - LiYu a fait une remarque avant d'avoir entendu la réponse de l'hôte "bien sûr qu'ils gagnent + qu'avant" - il a répondu qu'ils gagnent moins, mais que leur vie est bien moins fatigante qu'avant.... Je me suis demandée alors s'il avait répondu avec franchise à une telle question, surtout après la remarque spontanée de LiYu (les champs, c'était la vraie misère, pense t-elle)... s'ils avaient eu le choix ou non quant à la location de leurs terres, et le tarif.. Je devine que s'ils ne sont pas satisfaits de la nouvelle vie que leur "propose" l'état, ce n'est certainement pas à nous qu'il allaient faire la confidence.

La grand-mère est vraiment charmante, elle était fière de me montrer ses petites-filles filles en photos, avec les costumes qu'elle avait confectionnés. Les costumes des Miao sont très populaires.. C'est avec cette délicatesse qu'elle m'a amené à poser la question qu'ils attendaient surement (sans en parler directement) : possédaient-ils et souhaitaient-ils vendre un costume d'enfant ?.. Leurs petites filles n'entraient plus dedans, l'une d'elle m'a expliqué comment laver le costume sans l'abimer (si jeune encore, peut-être qu'elle avait 12 ans). 

Lucie est très fière de son cadeau d'anniversaire.. Voyez la demoiselle avec son beau costume.. mais la gastro qui allait frapper le lendemain pointait déjà le bout de son nez : elle est toute pâle sur les photos..!

 

Notre hôtesse nous a ensuite montré son veau - de 4 ans, c'est encore un veau ? et avec une bosse sur le dos... j'ignore comment on les appelle.. - avec une fierté non cachée , une belle bête en effet. Elle nous a proposé qu'on la prenne en photo avec le veau et les enfants à côté d'elle.. Elle a refusé que LanTian monte sur son bétail, "trop jeune", j'ai apprécié de voir le soin qu'elle portait à cet animal, sa priorité, et la fierté bien placée qui se dégageait de son regard.

Au centre du village, des enfants de l'âge de Lucie et LanTian jouaient à se battre au milieu de parpins, une véritable forteresse.. Nous arrivions à point nommé pour jouer aux méchants, mes yeux bleus étaient la cible idéale.

De jeunes hommes s'étaient réunis dans une cour de ferme devant des poules, coqs et poulets. Ils ne semblaient pas avoir grand chose à faire : depuis notre arrivée, je les voyais bagnauder en groupe..La plupart d'entre eux devaient être en vacances (collégiens ou lycéens). LiYu s'est joint à eux et a compris qu'ils préparaient un combat de coqs.... Ils ont accepté qu'on les suive jusqu'à une cour reculée. Ils ont posé les coqs face à face, sans même vraiment les exciter, si ce n'est en formant un cercle autour d'eux peut-être.. Et les voilà partis à se donner des coups de becs et s'écorcher avec leurs griffes, j'ai lancé mon appareil photo en mode film, l'objectif tourné sur le combat, mais avec un plan assez large.. c'était l'occasion rêvée pour moi de filmer du même coup les villageois qui les entouraient, et l'ambiance dans laquelle nous étions plongés.. Malheureusement, je n'ai pas encore trouvé le temps pour m'inscrire dans un site de vidéos non censuré en Chine afin de vous la montrer.. ça ne sera pas pour cette fois-ci

Avant ça, à notre arrivée dans le village, LiYu a demandé à entrer dans une autre maison.. nous avons été accueillies par les jeunes femmes de la maison.. je ne me sentais pas à l'aise.. J'ai eu l'impression qu'elles n'avaient pas pour habitude d'accueillir des inconnus, et je voyais briller dans leurs yeux l'appât du gain (nos porte-monnaies). Dans cette maison-là aussi il y avait un espace entre la façade et un mur de chambre où une bête ruminait. LiYu a d'abord discuté un peu, puis a demandé si elles vendaient de leurs vêtements traditionnels, ces femmes sont allés fouiller dans leurs amoires, nous tirant dans leur chambre - une chambre étroite avec lit à badalquin qui prenait toute la place et sur le mur un énorme cadre avec photo kitsch d'un couple (comme on en voit dans de nombreuses chambres de couple en Chine) - elles ont sortis des vêtements avec de beaux tissus, broderies.., vraissemblablement les leurs (mêlés à des vêtements "modernes").. Je suis sortie laissant LiYu discuter avec elles. J'ai vu la grand-mère de la famille dans la cour, habillée du haut en bas avec le costume traditionnel. Elle balayait le sol : terre, paille et déchets, tout en me regardant du coin de l'oeil, en maugréant, me semblait-il, ou peut-être était-elle juste de mauvaise humeur, qui sait... Un chien aboyait toutes dents dehors.. Je suis bien vite partie, Lucie jouait sur la place. J'ai appris plus tard que LiYu leur avait acheté quelques pans de tissus brodés à des prix bien élevés.

LiYu agit comme beaucoup de chinois, de manière très chaleureuse mais aussi très intrusive. Ce trait de caractère, vraiment typiquement chinois (d'après moi), a ses bons et ses mauvais côtés. Quand la rencontre est aisée, alors, c'est très agréable. Comme dans la maison où la maîtresse de maison m'a vendue un costume d'enfant. Ou aussi comme dans l'auberge où nous avons logé à Puzhehei, nous nous sommes retrouvés à manger (fondue de poisson) et à boire (alcool de mais fabriqué par le patron) avec le tenant de l'auberge, ainsi que d'autres clients. LiYu fait comme chez elle, parle avec détachement, s'assoit auprès des gens.. C'est généralement plutôt apprécié, c'est même une forme de politesse, les personnes trop polies peuvent paraître distantes, froides, presque suspectes parfois. Rien à voir avec l'image que les français se font souvent des chinois.

Parfois, je vis bien mal ce caractère intrusif des chinois, comme les questions sur les boutons qui ornent mon visage, sur ma vie privée, des conseils pour changer la manière dont je m'occupe de ma fille, etc..., mais d'autres entrent dans ma vie avec sensibilité et empathie, et alors j'apprécie. Inversement en France, notre manie de vouloir respecter la vie privée d'autrui fait que ça peut nous mener à ignorer que notre vieille voisine de pallier ne donne plus de signe de vie depuis une semaine. Je stigmatise bien sûr.. On trouve indifférence, amitié, amour partout parmi les hommes. .Simplement, la culture dans laquelle on baigne depuis tout petit change tout de même nos niveaux de compréhension, de tolérance (même si c'est évolutif), peut aussi nous rendre insensible.. Il est bon de ne pas s'appuyer sur nos principes au risque de ne plus être à l'écoute de ce qui se passe autour et dans les coeurs, et ainsi perdre le sens des choses (chaleur humaine / etouffer autrui - respect pour autrui / laisser dépérir).

Revenons au village Miao... ou devrais-je dire hameau? il y avait la place principale à l'arrivée, et des maisons qui l'entouraient, une petite ruelle par ci par là.. mais on en a vite fait le tour. Des animaux qui picoraient, ruminaient, grognaient, gambadaient en liberté, un peu partout.. Des garçons avec la morve au nez jouant à la guerre.. deux petites filles se racontant des choses comme en secret.. Un troupeau de chèvres passant par là, guidé par deux petits jeunes, d'environ 10 ans d'âge... Des maisons avec des briques en terre rouge ocre... La terre au sol...

Pour le fameux costume traditionnel Miao, j'ai vu des femmes le porter, surtout les femmes bien âgées, mais aussi certaines qui ont autour de la cinquantaine. J'en ai croisé en dehors du village aussi. Les jeunes ne le portent pas. Les hommes, j'ai vu quelques coiffes, mais c'est tout. Un homme nous a dit qu'ils (les femmes y compris) portaient plus facilement le costume en dehors de leur village, afin de montrer aux autres l'appartenance à leur ethnie.

Je prends le peu de temps dont je dispose pour vous raconter quelque chose de passé... mais j'ai aussi envie de raconter ce qui se passe au présent, ce qui me tient à coeur, là maintenant.

Je ne vous ai pas parlé de la pollution sur Pékin par exemple. Il y a deux semaines, c'était terrible, une nuage permanent dans lequel nous étions plongés, je préfère de loin ceux du ciel. J'avais la tête dans le coton (mais ça, ça m'arrive souvent..), le nez et la gorge qui grattent, les yeux rougis, le nez bouché. Nous étions monté à l'indice 600 de pollution, pour ceux qui connaissent (je découvre).. On m'a dit qu'à l'indice 200 on parle d'alerte rouge à Paris..

Ou des enfants que je vois tous les jours.. peut-être en aurai-je l'occasion (au passé encore?)

Mon week-end est terminé, ce fut un week-end studieux, pétillant de vie et sous le signe de l'amitié..

Je vous souhaite de bonnes gorgées de vie pétillante pour vous aussi.. ganbei ! (cul sec)

les Miao..les Miao..les Miao..
les Miao..les Miao..les Miao..
les Miao..les Miao..les Miao..
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Y
merci de partager tous ça avec nous, c'est un vrai plaisir de te lire, et les photos sont poignantes ... <br /> vous embrasse les filles a bientôt ;)
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A
Oui, à tout bientôt Yas, hâte de te voir ! bisous
N
Adorable Lucie ! photos Superbes !<br /> Merci Anne pour ce récit !<br /> Je t'embrasse ! à bientôt
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X
Bonjour Anne, j'aime ces descriptions et sentiments &quot;à chaud&quot;. A bientôt. Xavier
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A
Merci beaucoup Xavier ! ce que j'ai répondu à Noelle te concerne aussi. Bises !
N
Heureuse Anne de te retrouver !<br /> Je vais venir te lire !<br /> Je t'embrasse !
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A
Oui moi aussi Noelle, ravie ! j'ignore si j'aurais le temps de revenir souvent sur la toile parmi vous, mais là, ça faisait vraiment trop longtemps, je le vois clairement avec ce plaisir que j'ai à vous relire
S
On adore te lire, continues ! Bises, M.
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A
merci ma soeur, ça me fait plaisir !